Moustiers Ste Marie, haut lieu historique de la céramique est nichée au coeur de la Provence, au bord du lac de Ste Croix et des Gorges du Verdon. Sa faïence est toujours aussi vivante et recherchée pour sa finesse et son décor.
Quel bonheur de faire jaillir de l'argile, ce matériau simple et humble, une pièce éclatante de blancheur et de couleurs dues aux oxydes métalliques utilisés. Cette rencontre entre la terre, la main, l'émail, le pinceau et surtout
le feu a de tous temps émerveillé! Depuis les hommes préhistoriques qui ont vécu sur ce site, cette alchimie s'opère. Il est possible de se replonger dans leurs réalisations et leurs créations en visitant, à Quinson, le musée de la préhistoire.
Au Moyen Age, il n'était fabriqué que la terre vernissée au décor vert et brun(terres de différentes couleurs recouvertes d'un émail transparent).Grace au secret de l'émail blanc révélé en 1668 par le passage au monastère de la communauté de Lérins d'un moine italien originaire de Faenza en Italie, Pierre Clérissy a pu réaliser une céramique d'excellence:
LA FAIENCE.
Il a su décorer le biscuit d'argile rosée, recouverte de cette poudre immaculée à l'aide d'oxyde de cobalt et la cuire dans un four à bois. Enthousiasmé par la qualité du résultat il ouvre en 1679 la première faiencerie.
Sa marque de fabrique sera ses "décors en camaïeu de bleu".
Les aristocrates, appréciant la vaisselle de qualité, contribuèrent à l'essor de cette nouvelle production qui rappelait l'orfèvrerie qui avait du être fondue pour renflouer les caisses du royaume.
En 1738 avec Joseph Olérys qui apprit à Alcora le maniement des oxydes colorés la polychromie permet l'émergence des décors bérains, des grotesques,
les médaillons, les bouquets, les guirlandes.
Vers 1770, dans les ateliers Ferrat, sont créés les décors "au petit feu" (troisème cuisson à 760°c) où deux tons vifs s'opposent, le pourpre et un vert cru posé en épaisseur. Les décors les plus fréquents sont les fleurs, les paysages, les chinois, les perroquets, les montgolfières.
Aprés un déclin au moment de la révolution, il a fallu attendre Marcel Provence qui, en 1927, a rallumé un four afin que Moustiers retrouve sa place de grande cité de la faïence et de la céramique dans le monde entier.
Aujourd'hui une vingtaine d'atelier perpétue cette merveilleuse aventure en respectant la tradition, mais sans pour autant négliger la création.
"La tradition dans les grandes choses, n'est pas de refaire ce que les autres ont faits, mais de retrouver l'esprit qui en ferait de toutes autres en d'autres temps." Paul Valéry